À écouter pendant la lecture : Les vieux - Jacques Brel
Hey ! La pêche ?
Tu es vieille ou vieux et tu te rends compte que ta retraite est le reflet de ton compte bancaire, à savoir bien merdique ?
Ou bien tu es jeune et du genre à anticiper, et tu te demandes si tu auras une retraite décente ?
Ou enfin tu es au milieu et, comme les deux autres, tu réalises que ça sent le compost mal dosé cette histoire de retraite dans le capitalisme ?
Et bien, dans ce cas, bienvenue !
Oui car ce n'est pas grave en fait: on va tous passer à l'économie organique et ce sera l'eden sur terre. Carrément ! Easy money baby.
La retraite, pfiouh...
C'est vrai que la retraite n'est pas le sujet le plus fun du monde. Ce qui est dommage parce que c'est sympa, dans l'idée. Mais le débat autour d'elle est d'un ennui mortel.
Et nianiania “ça coûte trop cher”, et nianiania “c’est trop long”, et nianiania “les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux”.
Ah non, la dernière c’était Brel.
En tout cas, vous pouvez lire cet article à peu près n'importe quand dans l'année et à peu près n'importe quelle année parce que les retraites, c'est un vrai sujet d'actualité récurrent, redondant et récurrent.
J’ai dis deux fois récurrent non ? Et de trois, maintenant.
L’histoire des retraites
Grosso modo, l’historique est simple :
- En 1945 on fixe la retraite à 65 ans, et c’est vachement malin parce que c’est l’âge moyen de la mort. Pas fous les gars.
- Dans les années 80, la retraite passe à 60 ans.
- Depuis, l'âge de la retraite augmente petit à petit et son montant réduit petit à petit.
- Fin.
Et encore une fois, si on veut résumer (parce qu'on ne va pas s’étaler pendant des heures sur ce sujet), on comprend rapidement qu’un des problèmes de fond, c'est le rapport entre l'espérance de vie et le nombre d’actifs.
Parce que, rappelons-le, à la base l'âge de la retraite, c'était l'âge moyen de la mort. Mais maintenant c’est plus compliqué de bosser à 80 (pour les hommes) ou 85 ans (pour les femmes).
D’ailleurs j’imagine si on disait “l’âge de la retraite sera 80 pour les hommes et 85 pour les femmes”. Allez, paye une inégalité homme-femme de plus. On n’est plus à ça prêt.
Mais tout problème a une… ritournelle
Les solutions pour les retraites — enfin pas la mienne mais celle des sachants, des grands qui réfléchissent avec leur grosse tête pleine de diplômes — sont diverses et pas variées.
Petite appartée avant de vous les détailler : franchement, quand vous aurez lu les différentes propositions, vous vous direz sûrement comme moi : “mais en fait n’importe quel pégu pourrait vous proposer cette daube”.
Enfin bref !
Possibilité 1 : on augmente les cotisations pour arriver à flot.
Non mais vous voyez comme c’est con ?
Mais peu importe. Cela voudrait dire que le salaire des actifs devrait baisser. Ce qui peut être plutôt mal accueilli.
Notez cependant que ceci est un abus de langage car la partie sociale du salaire, à savoir les cotisations, fait partie intégrante du salaire. On est content d’avoir l'hôpital et l’école gratuits, résultantes parmi tant d’autres de la part sociale des salaires.
Donc ce serait en fait la partie nette des salaires qui baisserait, le salaire total ne changerait pas. Mais bon, on ne va pas se mentir : tout le monde s'en fout ! Ce qui nous intéresse, c'est la thunasse sonnante et trébuchante à l'instant T.
Possibilité 2 : on diminue les retraites
Non mais j’en peux plus. C’est quoi ces propositions d’un gamin de CM2 ?
"Hé salut les retraités, vous êtes dans la merde ? Bah déso mais on va vous y enfoncer un peu plus." Surtout que certains retraités le sont également littéralement.
Mais passons.
Possibilité 3 : on augmente l'âge de la retraite
Et bin ! Les gars fallait pas payer vos études, franchement. Vous vous êtes fait enrubanner.
Ca me fait penser à un ami qui avait demandé à sa prof de maths en terminal:
“ça sert à quoi les intégrales dans la vie ?”
- “bah à rien, mais si vous devenez prof de maths vous pourrez l’expliquer”.
- “...”
Du coup il a inventé le Sgolfon. Ça ne sert à rien, c’est un truc complètement abstrait qui n’a pas trop de sens. Mais tout le monde pourrait prendre des cours de Sgolfon qui permettront ensuite de l’enseigner. Magique.
“T’as eu combien au devoir de Sgolfon ?
- 12, j’ai galéré sur les accords de prontabien sur le fil du merlu.
- Bin oui, c’est parce qu’il faut aligner les coribinthes avec la morliplette.”
- Ah meeeeeerde !
Bah l’économie, c’est ça.
Pour en revenir à l’idée de génie : il suffirait qu'il y ait moins de retraités pour qu’on puisse les payer.
Ce qui nous laisse deux options :
- les tuer, mais bon éthiquement c’est un peu chaud;
- les faire passer à la retraite plus tard, très tard, le plus tard possible.
Non mais chaque fois que je lis ou regarde les propositions ou les débats d’économistes, ça me fume.
Donc maintenant, parlons de vrais changements.
Nuançons ma sévérité
Je tiens à rappeler, avant de parler de l’incroyable économie organique (en toute objectivité bien sûr), que tout cela n’est pas surprenant. Prisonniers d'un contexte, ici le capitalisme libéral dévergondé, il n’y a pas trente six mille solutions.
S’extrayant un peu du débat, il reste tout de même la possibilité de retrouver l’argent là où il y en a beaucoup pour le reventiler. Cette proposition de gauche fait évidemment s’étrangler la droite, mais elle serait quoi qu'il arrive de court terme car l'argent manque partout dans le capitalisme.
C’est bien ça qui me tue : la situation est telle qu’il n’y a que les solutions citées ci-dessus qui sont plausibles. Et à partir de là, il n’y a plus vraiment matière à débattre.
Tout ça pour dire que tous ces gens font certainement de leur mieux. C’est déjà ça, tu me diras. Mais j’ai quand même l’impression que ça ne fait pas beaucoup avancer le schmilblick.
Et l’économie organique dans tout ça ?
Bah oui, quand même, parlons-en !
L’économie organique, c’est simple. Et ça, c’est important.
Donc pour les retraites, on fait : … rien. Voilà, merci, à bientôt.
Ok, je détaille un peu.
Pour celles et ceux qui ne sont pas encore à l’aise avec le fonctionnement de l’économie organique, je vous fais un petit rappel. En économie organique, chaque citoyenne — et citoyen mais là je pars sur du féminin, ça nous changera — se voit associer une expérience économique. C’est une sorte de livret d’épargne, sauf que l'argent ne peut jamais en sortir.
A chaque fois que la citoyenne gagne de l’argent (un salaire ou la vente de tomates, par exemple), celui-ci va directement sur son expérience économique (le livret). Et c’est la quantité d’argent présente sur l'expérience économique qui détermine le revenu mensuel.
Donc ce n’est pas l’emploi — ni le salaire — qui définit combien la citoyenne touche mensuellement, mais bien son expérience économique.
Ainsi on ne récompense pas son travail du moment (ça c’est le rôle du salaire). À la place, le revenu est la reconnaissance de TOUT ce que la citoyenne a fait jusqu’à aujourd’hui.
Donc, si t’as bien suivi, le revenu ne peut pas décroitre. Il peut stagner, si la citoyenne ne touche rien (si elle ne gagne pas de salaire ni ne vend rien). Il peut s'accroître (à chaque vente et/ou salaire). Et c’est tout.
Donc donc (oui je double le donc pour l’appuyer) : si la citoyenne ne travaille pas, elle touche quand même son revenu ! C’est fou !
Ce qui est exactement la définition d’une retraitée.
Donc donc donc (j’abuse), en économie organique, on est retraité — slash chômeur hein — de sa naissance à sa mort.
Et ça c’est top !
Nianiania les fainéants…
Alors, je sais, la première chose qui te viens peut-être à l’esprit: “Ah mais si on fait ça, personne ne va rien foutre et on va tous crever de faim.”
Aaaaaaah (grande lassitude).
Note bien que c’est un sujet à part entière que je ne vais pas traiter ici. Déjà que mes articles sont longs…
Mais je vais juste dire ceci: que ferais-tu, toi ?
En général, la réponse à cette question est: “je glanderais pendant 2 semaines ou même un mois, pas de problème, et puis au bout d’un moment je me ferais bien chier alors je ferais un job que j’aime, une activité qui me passionne.”
Maintenant, dis-toi que tout le monde pense pareil. Cela devrait répondre à la plupart de tes doutes.
Enfin des maths !
Avant de conclure, faisons un peu de maths pour comparer capitalisme et organique.
En 2024, les dépenses des retraites représentaient 407 milliards d'euros. C'est de la folie dis donc ! Et pourtant ça se traduit dans la pratique par beaucoup de retraités précaires et un déficit de l'État de 1,7 milliards d'euro (seulement pour les retraites).
Maintenant, transposons-nous dans un univers parallèle où l'économie organique serait globale, histoire de comparer les systèmes entiers. Ici, le concept de retraité n'a plus vraiment de sens mais je garde la nomenclature pour que le propos reste clair.
Si chaque retraité crée 70 unités de monnaie organique par jour (c'est une moyenne).
Appelons notre monnaie des "@", parce que c'est plus lisible.
Cela nous ramène à 70 * 30 = 2.100 @ par mois et par retraité.
Comme on a 17 millions de retraités, ça nous fait :
17.000.000 * 2.100 = 35,7 milliards d'@ par mois.
Et ainsi 35,7 * 12 = 428,4 milliards d'@ par an.
On retrouve bien le même ordre de grandeur, mais à deux ÉNORMES nuances près :
- aucun déficit, aucun impôt n'est nécessaire pour financer cela, on ne ponctionne l'argent nulle part, car les citoyennes (et citoyens) créent elles-mêmes leur monnaie;
- et aucun retraité ne vit dans la misère, et ça c'est un sacré changement.
Autre situation, plus complexe encore dans le capitalisme : et si le nombre de retraités dépasse le nombre d'actifs (ce qui est plus ou moins en route avec les jeunes qui ne copulent plus) ? Et bien, dans ce cas c'est la merde. Plus moyen de financer les retraités en ponctionnant les actifs.
Même crise en économie organique ? Bah on ne change rien, ça se régule tout seul vu que les retraités ne prennent pas l'argent d'ailleurs, il provient de leur propre rente mensuelle (qu'ils créent, au passage). Personne n'est ponctionné. Personne ne souffre. La vie est belle, les oiseaux chantent.
Conclusion
S'il fallait conclure en quelques mots :
La retraite dans le capitalisme est vouée à l'échec.
Ne serait-ce que mathématiquement. C'est triste mais c'est comme ça.
Alors que :
La retraite organique est naturellement intégrée, juste et fiable.
Et ça, sans avoir à payer des administratrices qui vérifient si tu es éligible à la prime "vieux débris". Simple en somme.
Bon, bien sûr, il reste à faire la transition (en douceur) du capitalisme vers l'économie organique, mais si ce n'est que ça.
Voilà, c’est tout pour cette fois. À bientôt, bisous !
Quelques sources
- En 2024, les dépenses de retraite ont représenté 407 milliards d'euro
- Déficit des retraites : 1,7 milliards d'euro en 2024 (6,6 prévu en 2030) source
- Nombre de retraités : Cotisants, retraités et rapport démographique tous régimes