De qui ?
Salut, moi c'est Gus ! Je vais vous parler un peu de moi, pour que vous compreniez comment je peux proposer un nouveau système économique sans être économiste.
D'ailleurs, sans vouloir spoiler, je suis convaincu qu'une proposition telle que l'économie organique ne pourrait émerger d'un cerveau d'économiste, naturellement contraint par sa formation.
L'informatique
J'ai fait quelques détours dans mes études : j'avais le luxe de pouvoir hésiter. Mais surtout parce qu'en pratique, tout me plait ! J'ai toujours été impressionné par ces gens qui s'énamourachent d'un sujet bien précis et en deviennent une éminence à leur niveau sans jamais voir faillir leur passion. C'est quelque chose qui m'épate car j'en suis incapable.
Ainsi, si je devais me résumer en une phrase : je suis cinquième en tout. Jamais premier, mais jamais trop mauvais non plus. J'ai longtemps vécu ça comme un handicap puis, finalement, comme une force.
Bref, après tours et détours, je part dans le monde (pas si) mystérieux des ordinateurs.
J'avais du retard : entrer directement en 3ème année, par le biais des équivalences, ça vous met un train dans la vue. J'ai donc bossé puis suis arrivé deuxième de promo (comme toujours, la première place ne me sied guère).
Puis je suis entré dans le monde du travail en tant que développeur. Dans ce domaine en tension, j'avais le choix des entreprises, alors j'ai bougé un peu pour trouver ce qui m'allait le mieux et je me suis retrouvé au pôle informatique de Norauto.
Le goût du jeu
C'est super facile de se passionner pour les métiers de l'informatiques : on gagne (très) bien sa vie, on a des horaires de bureau, l'ambiance est (généralement) joviale et puis ce n'est pas un boulot trop physique, sauf quand il y a une table de ping pong. Donc, quand on est jeune, on y va à fond.
Puis, comme beaucoup d'informaticiens, je me suis rendu compte d'une réalité qui est difficle à croire et/ou à accepter :
L'informatique n'est qu'un jouet.
Je sais que tout le monde s'en sert aujourd'hui et que nous sommes tous convaincus que ça nous fait gagner du temps et tout ça. Mais en pratique, l'informatique n'est qu'un jouet qui n'apporte rien à l'humanité.
Boum !
Donc, tant que ça reste un jouet, ça me va bien. Mais à partir du moment où ça devient pregnant voir bloquant dans tous les pans de la société, le jeu devient un peu amer.
J'ai donc décidé, en transition tranquiloute, de commencer à faire de l'écologie.
Alors, avec le recul, je vous en parle comme si c'était une suite logique, mais dans la réalité, à ce moment là, je faisais de l'écologie pour les mauvaises raisons.
La mauvaise écologie
Quand on a commencé les vidéos Les Hommes Propres avec Pitt, c'est simplement parce qu'un soir je n'arrivais pas à dormir, que j'ai écrit un script qui me trottait dans la tête, que je lui ai envoyé et qu'il a dit "allez, on tourne samedi !".
Donc, comme tout le monde, j'ai fait de l'écologie un peu bancale. Je dis "bancale" parce qu'en fait, la raison n°1 de faire de l'écologie, pour la plupart des gens, c'est la peur. Or, la peur, c'est le pire argument pour prendre une décision.
La peur nous fait nous battre ou nous enfuir, deux réactions assez basiques, donc peu constructives. La peur ne nous fait pas construire. La peur ne crée pas de liens, mais au contraire les défait. Bref, l'écologie, c'est souvent de la peur ; et la peur, c'est pas fait pour avoir une vision long terme de ce qui nous arrive.
Je dis tout ça aujourd'hui, mais je n'avais pas le même discours à l'époque. Car, voyez-vous : à 25 ans, on pense qu'on a tout compris ; à 30 ans, on sais qu'on n'a rien compris ; et à 35 ans, on réalise finalement qu'en fait personne ne comprend rien.
Ainsi, à l'époque ai-je parlé, avec mon acolyte, des petits gestes dits "écologiques" qui permettaient de limiter son impact sur l'environnement tout en faisant de substantielles économies.
En même temps, professionnellement, j'avais suivi les conseils des bouquins à la mode à ce moment-là. Vous savez, tous ceux sui disaient "trouvez votre job de sens". J'ai donc lentement migré de l'informatique vers la communication pour le développement durable.
Quelle tâche ! Mais bon, il faut bien que jeunesse se passe.
En tout cas, on s'est bien amusés. On a fait de notre mieux, en pensant nous investir pour une cause plus grande que nous. Mais, souhaitant être subversifs, nous étions en réalité en train de faire comme tout le monde.
Et rien de tout ça ne m'a finalement eut l'air d'une quelconque écologie.
La révélation
En paralèlle de tout ça, une reflexion nait dans mon esprit. En voyant la très qualitative vidéo d'Usul sur Bernard Friot et sa proposition de salaire à vie, ma pensée se tranforme. Petit à petit, je réalise que tous les défauts de nos sociétés sont inhérants au format capitaliste de notre économie ; et tant que nous n'aurons pas modifié cette base fondamentale, il n'y aura ni équité, ni partage, ni écologie, ni politique juste.
Voilà mon nouveau combat.
J'ai compulsé le travail de Bernard Friot, en pensant que c'était la solution que j'attendais. Et je peux vous dire qu'il faut être motivé, car la manière d'écrire de ce grand bonhomme est très "académique", c'est-à-dire qu'une phrase peut durer une ou deux pages entière, pas de problème ! Mais quelque chose me chifonne tout de même. Une sorte d'incomplétude et, surtout, une impossibilité de mise en pratique. Alors je lis et je réfléchis.
Un jour, bien que je n'arrive plus à retrouver l'origine de cette information, j'ouïe d'un concept amusant : payer en radis. Si mes souvenirs sont justes, c'était en réalité une monnaie locale appelée radis, mais peu importe. L'idée fait son chemin et je suis vite convaincu qu'il y a là une piste.
Cependant, une limite m'apparait : si nous faisons pousser chacuns nos radis pour nous en servir comme monnaie, il y aura une réduction de valeur des radis au fur et à mesure de leur vieillesse. Cela impliquerait d'office un modèle de triche. Or, s'il y a triche possible, il faut du contrôle. Sauf que le contrôle implique des controleurs, supérieurs aux controllés, ainsi que des sanctions. Bref, ça ne fonctionne pas !
Et, une nuit d'insomnie, l'idée avance encore d'une étape : la monnaie à usage unique. Cela semble parfait ! Et deux nuits supplémentaires permettront de faire émerger les deux notions qui lui sont corolaires : la création monétaire citoyenne et, surtout, l'expérience économique.
Enfin, il me faudra un moyen de permettre le fonctionnement des entreprises : ce sera la monnaie d'investissement. Cette dernière fonctionalité cloturera les fondements de cette nouvelle théorie économique, qui se focalisera d'abord sur une approche monétaire que je nommais le Guzi, puis prendra une forme plus complète et générale qui se nommera finalement l'économie organique.
Le bénéfice du doute
Mais qui suis-je pour proposer une telle idée saugrenue de l'économie nouvelle ? Hein ? C'est la question que je me pose presque tous les jours depuis six ans.
Néanmoins, travaillant à l'envers, j'ai décidé de faire un état de l'art. J'ai commencé à lire toutes les propositions d'alternatives économiques que j'ai pu trouver.
Gilles Raveaud, Thomas Piqueti, Alain Grandjean, Nicolas Dufrêne, tous ceux-là sont de "vrais" économistes et proposent des lectures dont les titres paraissent révolutionnaires. Mais après moult lectures, rien de bien nouveau sous le soleil.
J'ai donc continué mes recherches vers les modèles alternatifs : les monnaies locales, les cryptos, les systèmes d'échanges locaux, même la monnaie libre. Mais, encore une fois, chou blanc.
J'ai ensuite tenté de contacter ces fameux économistes et d'autres pour avoir un peu leur retour. L'idée était surtout d'avoir une réponse du style "mais non, bonhomme, t'as tout faux parce que t'as rien compris et que t'es passé à côté de quelque chose". Mais en pratique, quand on est un blanc bec sans palmarès, on reçoit surtout une constante absence de réponse.
C'est Serge Latouche, un grand penseur de l'économie de la décroissance, qui fut le seul à répondre à mes requêtes. Il a lu avec beaucoup de bienveillance mes écrits sur l'économie organique et m'a parlé du socialisme distributif de Jacques Duboin, présenté par Jean-Paul Lambert. C'est ce que j'ai trouvé de plus proche, ou plutôt de moins éloigné, de l'économie organique.
Tout ça pour dire qu'il semble bien que cette dernière soit réellement nouvelle, tout en restant un outil extrêmement simple.
Un approfondissement de la pensée
En paralèlle de tout ça, je découvre le journal mensuel de La décroissance et, de fil en aiguille, je découvre des auteurs tels que Noam Chomsky, Bernard Charboneaux et surtout Ivan Illich (le fameux). Je me construit doucement une pensée plus profonde, approche des évènement basée sur une réflexion fondamentale plutôt que sur des arguments mathématiques et statistiques.
Je suis certainement encore loin du compte, mais j'ai déjà la sensation d'être dans le vrai, du moins pas dans le flou.
Et donc me voilà aujourd'hui, sur ce site internet, pour vous parler de l'économie organique. Car je pense bel et bien qu'elle est le seul chemin possible vers un monde plus joyeux, plus écologique et plus juste.
En tout cas, j'ai cherché mais n'ai rien trouvé mieux.