
En mai, le parlement fait ce qui lui plait et a voté la fin des Zones à Faibles Émissions, les fameuses ZFE. Et ça a l'air de choquer pas mal de monde.
D'ailleurs, depuis un bon moment, on a l'impression que l'écologie ne fait que reculer :
- la construction de l'A69 a repris;
- les pesticides reviennent en force;
- la montée du climato scepticisme est criante;
- la croyance dans le nucléaire remonte;
- j'en passe et j'en passe.
Bref, d'aucun dirait que c'est terrible, alors qu'en fait, c'est normal !
La fin inévitable
En fait, l'écologie dans un monde capitaliste, c'est un peu comme si chacun de nous était dans une petite embarcation, un tout petit bateau qui glisse le long d'une rivière. Chacun se laisse guider par le courant, l'inertie nous emmenant bon gré mal gré vers l'avant. C'est l'inconscience confortable.
Sauf qu'à un moment donné, on vous dit qu'au bout de la rivière, il y a une chute d'eau potentiellement mortelle.
Là, l'ambiance devient assez différente mais très hétérogène. Il y a alors quatre comportements possibles, on peut être :
- autruche : "je ne change rien, tout va bien, je n'entends rien et je ne vois rien";
- sceptique : "tout est faux, il n'y a aucune chute d'eau, au contraire";
- concerné : "j'avoue, c'est chaud, je fais des petits gestes par ci par là pour faire ma part";
- engagé : "réveillez-vous ! C'est la fin du monde, il faut sauver le soldat Ryan !".
Et là où l'autruche était le plus courant il y a une décennie, il semblerait que le concerné soit désormais la majorité, en compétition avec le sceptique.
Or, les concernés sont les personnes qui s'emparent de leurs rames et, dans un geste timide, commencent à légèrement ramer à contresens. Cela ne fait que les ralentir un peu, mais c'est déjà ça.
À côté, les personnes engagées sont soit celles qui rament frénétiquement contre le courant, soit celles qui hurlent dans un porte-voix pour que tout le monde puisse entendre leurs cris d'alarme, des cris de peur au passage.
Ramer à contre courant, ça va un moment, mais la finalité est que chacune et chacun finit fatalement par se lasser ou par s'épuiser. Car vous pouvez ramer autant que vous voudrez, vous serez toujours entraînés par le courant ; entraînés par les autres qui rament pour accélérer ; et entraînés par l'inertie du système qui ne fait que s'accroître.
Mais pourquoi tant de haine ?
Mais reprenez-vous ! Tout n'est pas si sombre dans cet abysse noir et sans fond qu'on appelle société contemporaine !
Et oui, parce qu'une fois qu'on a compris cette notion de courant et de rame, on voit plus clairement ce qu'il faut faire.
Et qu'est-ce qu'il faut faire ? Et bien, il faut s'approcher de la rive, ranger ses rames et mettre pied à terre.
On arrête de se battre contre le courant, contre les autres et contre la terre entière. On arrête de se boucher les oreilles parce que la conscience est trop coûteuse.
Ou comme disait Gébé :
On arrête tout, on réfléchit et c'est pas triste !
La libération
Vous verrez que, quand on arrête de faire de l'écologie — à savoir ramer contre le courant et hurler à tout va que la chute approche — pour de bonnes raisons, on se sent plus serein, plus détendu.
Premièrement, quand on décide de changer le jeu, on arrête de s'en prendre aux joueurs. C'est-à-dire que quitter l'écologie, c'est quitter la colère, se libérer des :
- "Foutus conducteur de SUV !";
- "Putain de touriste qui prend l'avion !";
- "Salaud de politiciens qui bétonnent le pays !";
- "Enfoiré de fumeur qui jette son mégot par terre !";
- Etc.
Deuxièmement, en quittant l'écologie des mathématiques, on arrête de compter le carbone de chaque action et on arrête alors de se juger soi-même. Ce n'est plus une liste de principes que l'on doit respecter, mais une morale globale qui nous guide (ça sonne secte, j'adore).
Ainsi, on a le droit de :
- Prendre sa voiture pour faire un petit trajet parce là, il pleut averse;
- Allumer le chauffage en mai, parce qu'il fait humide et qu'on se caille les miches;
- Prendre une longue douche après une grosse journée de chantier et pourquoi pas faire pipi dedans;
- Etc.
Et oui, Greta Thumberg n'est qu'une jeune fille pleine de principes mathématiques, ce qui implique qu'elle ne peut QUE juger les autres et elle-même.
Enfin, la fin de l'écologie, c'est la fin de la bagarre.
L'A69 est un exemple classique du combat sans fin qui mène systématiquement à l'échec des écologistes. Ce n'est pas David mais une fourmi contre Goliath.
Parce que le pouvoir, c'est l'argent, c'est simple et c'est rien d'autre. Simple. Basique. Les écolos n'ayant généralement pas des fortunes, ils n'ont aucune chance face à des structures telles que l'État ou les grosses corporations qui, elles, sans surprise, ont de la thunasse jusqu'au bord des oreilles.
Donc, quand on cesse d'être dans l'écologie, on se libère de toute cette charge (mentale aussi d'ailleurs), mais bien sûr ce n'est pas pour ne rien faire à la place et tous redevenir des autruches ou des sceptiques.
Changer ce qui change
Alors bien sûr, vous allez dire que je prêche pour ma paroisse en ramenant tout cela à l'économie organique.
Ouais. Mais reprenons cela par le début.
Comme je le dis toujours, le problème ne vient pas des joueuses et des joueurs, il vient du jeu et, surtout, des règles de celui-ci. C'est UNIQUEMENT en changeant les règles du jeu qu'on résoudra TOUS les problèmes en même temps. (Enfin, je dis en même temps mais c'est un processus relativement lent, hein.)
Par exemple, si vous réussissez à vous battre comme un fou, monter dans les arbres, faire blocus, faire des campagnes de communication efficaces, vous réussirez — peut-être — à stopper le chantier de l'A69. Mais qui vous dit que c'est une victoire ? Et bien la vraie vie : et elle vous dit que ce n'en est pas une parce que le chantier reprend un mois plus tard.
Même histoire avec les nicotinoïdes.
Même histoire avec presque tout.
Et touuuuuuuuuuuuuuuutes ces histoires sont liées à une et une seule vérité : C'est la thune qui gagne. C'est donc cela qu'il faut changer.
Mais gare aux approches naïves comme on les voit depuis toujours : les lois, les règles en plus, les contrôles, toutes ces conneries n'ont aucun intérêt. Pour preuve, c'est ce qu'on fait depuis toujours et ça ne change absolument rien.
Il faut changer de jeu pour en choisir un où le pouvoir, et donc l'argent, et donc la monnaie, est partagé plus équitablement. Mais tout ça SANS CONTRÔLE. Car si on ajoute du contrôle, c'est qu'on part dans la mauvaise direction.
La seule voie de la raison est économique
Il est donc vain de faire de l'écologie : la seule voie possible est économique.
Il faut changer l'économie. Mais pour changer l'économie, il faut changer la monnaie.
Sachez néanmoins que n'importe quelle monnaie réserve de valeur vous mènera indubitablement vers le capitalisme actuel.
La seule voie est quelque chose comme l'économie organique, qui soit basé sur une monnaie qui n'est pas réserve de valeur. Cela corrige tous les problèmes spontanément, naturellement, sans combat, sans ennemi.
Et plutôt que nous bagarrer, nous construirons. Ce qui est beaucoup plus appréciable, plus riche de sens.
Alors faisons de l'économie organique !
Bisous.